Les citations dans un livre sont devenues monnaie courante ; en revanche, un autre accompagnement -pourtant évident- l’est moins. A la fin du roman, Elya lève le voile sur un sujet essentiel dans mon processus d’écriture, un domaine dans lequel j’espère innover. Voici l’extrait qui va vous permettre de comprendre :

3e partie chapitre II – ELLE

« …Alors elle accroche des lames d’acier
Sous les semelles de ses souliers
Là, elle sent le sol s’envoler sous ses pieds

Tout redevient léger
Elle va dessiner dans l’espace
Des drôles de dessins qui s’effacent
Pour rester à la surface
Danser sur la glace… »

Ce soir, Elya se pare sur les accords de Michel Berger. Ses pensées tournoient s’accrochant aux notes, enchaînant les grands écarts enlevés et les pirouettes artistiques…. Invariablement d’ailleurs, pour cette envolée spirituelle et gymnique, son imagination la drape d’atours épurés et précieux, si bien qu’en un coup de baguette, elle se voit apparaître dans une chrysalide violette agrémentée de quelques voilettes lui permettant d’évoluer dans une élégance naturelle sous le vent de mouvements florissants. Combien de fois a-t-elle patiné plus qu’en réalité ? Des milliers en secret ! Car pour Elya, la musique est plus que savoureuse : c’est une donnée vitale  (et dans le mot musique, il y a aussi le mot muse ; elle serait la première à vous dire que ce genre d’analogie l’amuse.)
Toutes les choses qu’elle préfère, elle les fait en musique. Elle écrit en musique, elle court en musique, elle danse et elle vit en musique ! Laisser son corps s’exprimer, des mains jusqu’aux pieds, en tout liberté, se laisser traverser par des courants ondulants de grâce et d’agilité, de vaillances ou d’endurance, aux plumes vacillantes… Devenir le cœur de l’énergie même, c’est fou ce qu’elle aime.
Dans l’épicentre d’un livre, une phrase inattendue -qu’Elya a fait définitivement sienne- est venue comme proclamer son ressenti « J’ai toujours eu un rapport très intime avec la musique, je ne la considère pas comme une distraction ou un simple bruit de fond, elle m’affecte en profondeur. ». Le fait est tellement authentique et cet art tellement inhérent à la vie d’Elya qu’elle n’a pas s’empêcher de truffer son livre de mélodies venues l’éclairer à certains moments décisifs de son parcours (ou comment démontrer qu’un simple « détail » musical peut parfois faire toute la différence.)
C’est assez rare de trouver des renvois musicaux dans un ouvrage. Alors évidemment cette question, elle se l’est posée « Pourquoi cette rareté ? ». Certes, lire et écouter s’adressent à deux de nos sens aux perceptions bien différentes, mais non contradictoires, tout au contraire, pour Elya, parfaitement complémentaires. Aussi espère-t-elle que ses amis lecteurs le comprendront, auront l’envie et la curiosité d’écouter les morceaux dont elle a délicatement parsemé ses pages, les notes sachant si bien à son goût réhausser la symphonie des mots.
Sans surprise d’ailleurs, dans toute la gamme d’œuvres musicales existantes sa préférence va à ce que l’on appelle communément « la variété » car elle éprouve le besoin que vienne s’ajouter à l’harmonie d’une ritournelle ou d’une belle partition, un beau texte, riche de sens et d’expérience.
« La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée », cette fois c’est Platon qui vole la réplique à Elya.
Elle a découvert récemment dans un livre de psychologie positive, le terme de « musicomancie », un joli mot inventé à dessein par l’auteure pour évoquer cet art quasi occulte qui consiste à laisser parler la musique. En voilà une belle philosophie taillée sur mesure pour des convictions qu’Elya porte en elle, enracinées au plus loin de l’enfance! Pour activer le langage magique de la musique, il suffirait d’être attentif aux messages qu’elle veut nous transmettre. Elya raffole de ce genre de divination toute simple résultant d’une capacité d’écoute et d’extraction de subsistances vitales.
« Il suffira d’un signe » nous prévient la chanson ! C’est de cela précisément qu’il s’agit : Dans la mesure où le surgissement d’une chanson s’apparenterait à un présage voire une révélation, chaque morceau pour Elya ne peut se poser qu’au bon moment et au bon endroit, papillons du destin, poussières colorées de comètes, sur nos vies… Ce genre d’atterrissage la fait décoller !